Moins de 40 % des jeunes adultes maîtrisent les concepts de base liés à la gestion de l’argent, selon l’OCDE. Pourtant, la majorité déclare se sentir à l’aise avec la prise de décisions financières. Ce décalage s’observe aussi dans les comportements quotidiens : dépenses impulsives, méconnaissance des frais bancaires, faible taux d’épargne.
Les écarts d’acquisition de ces compétences apparaissent dès l’enfance. Des recherches montrent que l’exposition précoce à des notions simples, adaptées à l’âge, favorise durablement l’autonomie financière. Certaines familles, pourtant, hésitent à aborder ces questions, estimant que l’apprentissage peut attendre l’adolescence ou l’âge adulte.
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La littératie financière, bien plus qu’une simple question d’argent
La littératie financière s’affirme aujourd’hui comme un socle indispensable. Elle ne se limite plus à la gestion d’un livret d’épargne ou à faire ses comptes en fin de mois. Elle s’étend à la capacité d’élaborer un budget, à penser l’investissement, à préparer sa retraite et à comprendre la fiscalité du quotidien. Ce n’est plus un luxe de spécialiste, mais une compétence attendue de toutes et tous. L’Enquête canadienne sur les capacités financières le montre : 56 % des 18-34 ans veulent renforcer leurs connaissances financières. Un chiffre qui traduit une prise de conscience face aux incertitudes économiques et à la transformation du monde du travail.
La littératie financière ne se résume pas à savoir manier les nombres. C’est un filet de sécurité face au stress financier, et pour cause, 44 % des Canadiens considèrent l’argent comme leur première source d’anxiété. Mais c’est aussi une rampe d’accès à la santé financière. Lorsque la gestion de l’argent est solide, le risque de s’enliser dans les dettes diminue : près d’un ménage à faible revenu sur deux consacre plus d’un tiers de ses ressources à rembourser ses dettes, et 12,5 % peinent à obtenir de l’aide financière.
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Avoir de la littératie financière, ce n’est pas disposer d’un gros portefeuille. C’est savoir où l’on en est, anticiper, tracer un plan financier. Cette compétence installe la confiance dans la gestion de ses propres ressources, facilite des choix réfléchis, bloque l’achat impulsif. La société toute entière en tire profit : la pauvreté recule, la vulnérabilité aux fraudes diminue, 46 % des Canadiens ont déjà été ciblés par des tentatives de piratage financier. Le mois de la littératie financière, chaque novembre au Canada, vient rappeler que tout le monde est concerné : jeunes, retraités, nouveaux arrivants. C’est une question d’équilibre collectif.
Pourquoi initier les enfants à la gestion de l’argent dès le plus jeune âge ?
La gestion de l’argent ne s’apprend pas sur le tard. C’est dans l’enfance que les premiers repères se dessinent, que les habitudes commencent à s’ancrer. Les parents ont un rôle déterminant : transmettre le goût de compter, aider à distinguer désir et réalité, enseigner la patience qu’exige l’épargne. Une éducation financière précoce bâtit des réflexes qui, l’âge venu, protègent contre les dettes et les achats sous le coup de l’émotion.
Les études sont formelles : donner accès tôt à la littératie financière, c’est renforcer la confiance et la capacité à rebondir face à l’imprévu. Lire un relevé bancaire, différencier argent de poche et épargne, apprendre à repousser une envie d’achat : ces apprentissages s’installent pour la vie. La manière de voir l’argent se construit très tôt, en famille, entre discussions et exemples quotidiens.
Intégrer la gestion de l’argent dans le parcours scolaire, c’est ouvrir les portes du savoir à tous, sans laisser le hasard des origines décider du futur financier. Beaucoup de jeunes le réclament : comprendre comment économiser, générer des revenus, tenir un budget. Ces compétences ne sont plus accessoires. L’éducation à la finance personnelle encourage autonomie, sens des responsabilités et clarté dans les choix, aujourd’hui comme demain.
Des méthodes ludiques pour transmettre les bons réflexes financiers en famille
Faire entrer la littératie financière dans la vie de famille ne consiste pas à réciter une leçon. L’objectif est bien différent : rendre la gestion de l’argent concrète, vivante, partagée. Plusieurs organismes proposent des outils spécialement pensés pour les familles, afin que les échanges ne restent pas abstraits. La Banque Nationale et la Fondation canadienne d’éducation économique (FCEE) ont mis sur pied un programme adapté aux plus jeunes et aux nouveaux arrivants. Jeux, ateliers interactifs, défis d’épargne : autant de moyens de comprendre comment gagner de l’argent, établir un budget, faire des choix réfléchis ou se fixer des objectifs réalistes.
À la maison, c’est l’expérience qui prime. Donner à un enfant une somme à gérer, l’impliquer dans les décisions, le laisser arbitrer entre dépenses et économies. Les jeux de société qui imitent la gestion d’un budget ou l’investissement font leur preuve. La Plateforme de compétences ABC et le programme Question d’argent, portés par ABC Alpha pour la vie Canada, mettent à disposition des ressources interactives qui invitent les familles à discuter ouvertement de l’épargne, du crédit, des dépenses.
Voici quelques pistes concrètes pour renforcer ces apprentissages en famille :
- Élaborer ensemble un budget familial chaque mois.
- Partager les succès comme les erreurs, sans blâme, afin de développer la capacité de choix.
- Mettre l’accent sur l’expérimentation : organiser un défi d’épargne ou simuler ensemble l’achat d’un bien commun.
L’initiative United for Literacy enrichit encore cet éventail, en proposant des ateliers et supports pour tous les âges. Ces expériences collectives créent un climat de confiance et attisent la curiosité envers les enjeux financiers. Les bons réflexes financiers s’installent ainsi par l’action et l’exemple, bien plus que par la théorie.
Ressources et outils pratiques pour accompagner parents et enfants au quotidien
Pour se repérer dans la complexité des finances personnelles, chaque foyer doit pouvoir s’appuyer sur des solutions adaptées à sa réalité. Construire un fonds d’urgence équivalant à trois à six mois de dépenses courantes constitue un point d’appui solide. Ce matelas de sécurité, disponible immédiatement, protège contre les imprévus et évite la spirale de l’endettement.
Le recours au crédit appelle à la prudence : il faut privilégier les emprunts à taux modéré, limiter les soldes à rembourser et surveiller de près l’apparition de dettes coûteuses, qui fragilisent la stabilité financière sur la durée. Les tentatives d’arnaques financières et d’hameçonnage se multiplient, obligeant à une vigilance accrue, quel que soit l’âge. Les chiffres sont éloquents : près d’un Canadien sur deux a déjà été confronté à une tentative de fraude ou de piratage.
De nombreux acteurs offrent des solutions concrètes. ABC Alpha pour la vie Canada met à disposition ateliers, guides et plateformes interactives pour renforcer les connaissances financières. United for Literacy, sous la présidence de Mélanie Valcin, organise des séances collectives pour mieux comprendre les enjeux de la gestion de l’argent, de la dette à l’épargne. Les conseillers financiers restent des ressources précieuses pour adapter une stratégie patrimoniale à la singularité de chaque famille.
Pour faciliter cet accès, voici différents outils qui peuvent s’avérer utiles au quotidien :
- Ateliers pratiques, en présentiel ou à distance
- Ouvrages et supports pédagogiques conçus pour les enfants et adolescents
- Simulations de budget et applications de suivi des dépenses
En alliant l’apprentissage formel aux échanges réguliers à la maison, la littératie financière s’enracine et offre à chaque membre de la famille une boussole pour choisir, prévoir, rebondir.